Ma voisine, une charmante femme, toujours prête à rendre service, nous a demandé si nous envisagions de tailler les buissons qui forment la limite de nos propriétés. Personnellement, j'aime bien couper, mais ce n'est pas toujours judicieux, il arrive même que les plantes aient du mal à se remettre du mauvais traitement que je leur fait subir.
Je vous ai expliqué (ICI) comment le jardinage était une activité absolument hors de ma portée, à l'exception des pommes de terre. Pourtant, je n'ai pas été complète. La seule chose que je réussis très bien, c'est passer la débroussailleuse. J'aime passer la débroussailleuse. C'est tellement jouissif : le bruit de la machine est si élevé que je n'entends plus ce qui se passe autour de moi, les enfants peuvent crier, je ne peux répondre, et de toute façon je ne comprends pas ce qu'ils disent. Je reste dans ma bulle, je tonds, et j'admire le résultat final. Malheureusement, mes garçons me prennent de vitesse et s'accrochent avant moi au manche de la débroussailleuse. Ce plaisir, le seul que j'ai dans l'entretien du jardin m'est refusé.
Revenons-en à ma voisine : je lui promis que j'allais tailler les branches, mais que mon incapacité est notoire. Elle a mis en doute ce genre d'assertion, ne pouvant imaginer qu'on ne sache pas se servir d'un sécateur. Et puis, elle m'a proposé de la retrouver au jardin le mercredi de cette semaine pour travailler ensemble. A mon avis, elle a vite vu que mes capacités étaient plus que limitées. Elle passait son temps à me prendre mon sécateur. La seule fois que je me suis servie de la scie, elle a regardé mon saccage avec autant de dépit que d'incompréhension, se demandant comment on pouvait être aussi gourde. Bref, nous nous sommes partagées le travail : elle a taillé, j'ai ramassé les branches, je les ai mises en tas et ficelées. Voilà enfin un travail dans mes cordes !